Agroalimentaire, Une filière à surveiller

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Actualités et conseils sur les carrières dans le grand ouest
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Publié le mercredi 13 juin 2018
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Le Grand Ouest est historiquement un territoire où l’industrie agroalimentaire est reine. Les grands noms du secteur y sont présents et l’innovation est au cœur des préoccupations futures.

La Bretagne est la première région agroalimentaire de France, suivie de près par les Pays de la Loire. Le Grand Ouest s’affiche donc, et depuis fort longtemps, comme le cœur de l’Hexagone en matière d’alimentation. Historiquement, c’est ici que sont produites de nombreuses matières premières, comme le lait, les viandes bovine et porcine, mais également des légumes et des produits de la mer. Le territoire dispose de fait d’une palette complète d’établissements dédiés : de la production à la transformation, sans oublier l’innovation. De Lactalis à Bigard, du groupe Pomona à Sodebo, de grands noms de l’industrie spécialisée française et internationale y sont installés. Après quelques années de disette, liées notamment aux scandales alimentaires, le secteur renoue avec le succès. Le développement à l’international n’est pas étranger à cette dynamique, synonyme de relance de l’emploi. La force du secteur réside également dans sa grande diversité : l’alimentation humaine est largement représentée, mais on retrouve également sur le territoire de grands noms de l’alimentation animale ou encore de l’innovation. C’est le cas, notamment, du Groupe Nutriset, spécialiste de solutions agroalimentaires pour lutter contre la malnutrition, actuellement en quête de talents au profil spécifique : un chef de projet sénior R&D et Innovation, un chargé de mission Capitalisation et Développement, un responsable Sécurité, etc. Un exemple parmi d’autres.Malgré cette reprise, certains postes clés ne trouvent toujours pas preneurs, comme l’explique Séverine Prodhomme, directrice des Affaires sociales de l’Area (Association régionale des entreprises alimentaires Normandie) :

« La filière industrielle en général, et l’agroalimentaire plus encore, peinent à recruter. Les entreprises, conscientes de leur déficit d’attractivité ont déjà fait un gros travail, à la fois sur les marques employeurs et sur les produits : un changement nécessaire, puisqu’il est plus aisé de recruter pour une entreprise qui a bonne presse. »

Des postes en tension

En dépit de cela, certains postes restent vacants. « Les fonctions commerciales sont concernées, comme les fonctions cadres de production (responsable de site, responsable industriel, etc.) qui ne trouvent pas forcément les ressources sur le territoire », poursuit Séverine Prodhomme. « 45 % des postes que l’on propose concernent la maintenance, complète Cécile Boulaire, responsable des opérations et consultante pour Manageria (cabinet de recrutement spécialisé dans les métiers de l’agroalimentaire), 25 % des postes de qualité et sécurité et 15 % la R&D et la direction industrielle. Actuellement, c’est environ une quarantaine de postes de cadres qui sont ouverts dans le Grand Ouest. » Le constat est sans appel, l’industrie agroalimentaire séduit moyennement. « Cette affirmation est d’autant plus vraie sur ce territoire, poursuit Cécile Boulaire, où les contraintes de mobilité sont plus présentes qu’ailleurs. Il y a plusieurs explications à cela : des entreprises installées loin des grandes villes et des lieux de vie, une conjoncture globale peu encline au changement de vie professionnelle des conjoints et la préférence pour l’international des profils les mieux formés. » À ces difficultés s’ajoute l’évolution des métiers, à tous les niveaux de la chaîne.

Une mutation nécessaire

Avec quelques années de retard sur l’industrie, l’agroalimentaire nécessite aujourd’hui de nouvelles compétences et les mutations sont en cours. Pour les métiers de la production, cela passe nécessairement par le numérique : nouveaux logiciels, ERP (progiciels de gestion intégrée dont le but est de coordonner l’ensemble des activités de l’entreprise), traçabilité… Autant de d’outils et de connaissances devenus indispensables. « Ces expertises, nouvelles pour la filière, souffrent d’un manque de formations adaptées, explique Cécile Boulaire. La numérisation et la digitalisation sont omniprésentes, et nous rencontrons de sérieux problèmes de recrutement. Nous incitons alors les recruteurs à regarder vers d’autres filières que l’agroalimentaire pur. Certains profils venant d’autres secteurs peuvent être tout aussi compétents, je pense notamment à la pharmacie et à la cosmétique. Ce que l’on constate, c’est qu’à l’avenir, les métiers de la maintenance, de la qualité et de la sécurité seront clés dans l’industrie agroalimentaire, alors qu’ils étaient plutôt relégués au second plan jusqu’alors. L’IAA recherchera dans les années à venir de vrais spécialistes, forts de solides formations aux compétences transverses, comme les Data scientists spécialistes des sciences du vivant, par exemple. » Avis aux cadres de demain.

Le défi de l’alimentation animale

Ce sous-secteur (qui concernait en 2015 9 500 ETP dans le Grand Ouest) a essuyé de nombreuses crises. Toutefois, aujourd’hui, entre les conséquences d’une pyramide des âges vieillissante et la reprise du marché, les recrutements sont à nouveau à l’ordre du jour. « C’est une filière qui souffre encore d’un déficit d’intérêt flagrant, indique Cécile Boulaire. Les contraintes sont différentes dans l’alimentation humaine, mais les compétences nécessaires sont identiques. Le secteur recrute aussi des ingénieurs en agroalimentaire et en agriculture. » Dans les années à venir, le vrai défi de la filière va être la conversion au bio. « L’accès des éleveurs à des fournisseurs d’aliments biologiques est l’un des principaux obstacles au développement de l’élevage bio », souligne Bram Moeskops, coordinateur du nouveau projet européen, baptisé OK-Net EcoFeed. Lancé au début de l’année 2018, il a pour objectif de permettre aux éleveurs de nourrir leurs animaux avec des productions locales et d’origine biologique. Alors que le Grand Ouest concentre quelque 55 % du total des employés français du secteur de l’alimentation animale, l’enjeu dans la région s’avère de taille.