Santé, cap sur le futur

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Actualités et conseils sur les carrières dans le grand ouest
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Publié le mercredi 13 juin 2018
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La médecine de demain se joue-t-elle dans le Grand Ouest ? C’est en tout cas ce que laissent penser les différentes structures, publiques et privées, implantées sur le secteur.

Il y a peu, le CHU d’Angers, à la pointe de la chirurgie cardiaque, s’est illustré par la pose d’un implant destiné à lutter contre le risque d’accident vasculaire cérébral. Une avancée majeure pour les patients souffrant de troubles cardiaques. Non loin de là, le CHU de Nantes, plus gros employeur des Pays de la Loire, inscrit au top 10 de la recherche hospitalière nationale, est réputé pour ses travaux en cardiologie, transplantation (pour laquelle il est leader mondial), thérapies cellulaire et génique. La formation aux métiers de la santé est également une force territoriale, puisque le CHU d’Angers a été pionnier en formation continue en créant, en 2008, un centre de simulation dédié à l’anesthésie et à la réanimation. Depuis plusieurs décennies, donc, le Grand Ouest se distingue en matière de santé et notamment d’innovations. Pour comprendre cette spécificité, il faut remonter à l’époque à laquelle le CHU de Nantes et les collectivités territoriales ont uni leurs compétences pour miser sur la recherche et l’innovation.

Épicentre de la biothérapie

Parmi les résultantes de ce cercle vertueux, la création de l’Atlanpole Biothérapies, à Nantes, en 2005. Aujourd’hui, le pôle réunit quelque 120 PME (dont une soixantaine en Pays de la Loire) qui revendiquent plus de 2 000 emplois, 56 laboratoires de recherche, cinq instituts associant recherches fondamentales et cliniques, 41 plateformes technologiques, 2 CHU, 5 Universités, l’Institut de Cancérologie de l’Ouest Nantes/Angers, Oniris (école vétérinaire), Audencia, école de management international et enfin Arronax, un équipement unique en Europe qui permet de produire des radios isotopes qui ciblent principalement les cellules cancéreuses. Soit une thérapie de pointe qui réduit considérablement les effets secondaires. La raison principale du succès ? Le pari fait, alors que la médecine était principalement chimique, de se lancer dans la biothérapie, utilisant donc les propriétés du corps humain. « Ce choix avant-gardiste à l’époque, se révèle aujourd’hui gagnant, note Florence Hallouin, directrice déléguée d’Atlanpole Biothérapies. Nos adhérents travaillent sur différents axes : l’immunothérapie, la médecine régénératrice (thérapies cellulaire, génique), la radiopharmacie… Aujourd’hui, sur notre territoire, de plus en plus de solutions digitales sont appliquées aux biothérapies. Les compétences sont développées en interne, ou nécessitent l’intervention de laboratoires bioinformatiques. L’objectif étant notamment de trouver des traitements plus personnalisés. » Le pôle est composé pour beaucoup de start-up, elles-mêmes émanant de laboratoires. Il les accompagne afin de monter le projet, mais également pour accélérer leur croissance, au travers de la mise en place de collaborations et de levées de fonds. « Des créations d’emplois sont à prévoir, poursuit Florence Hallouin. Les compétences recherchées touchent plusieurs domaines : la biotechnologie, l’immunothérapie, les thérapies cellulaires et génétiques… Des postes de techniciens, ingénieurs, chercheurs, à forte valeur ajoutée. Mais les fonctions supports sont également nécessaires : l’informatique, la comptabilité, les RH et le juridique sont particulièrement prisés. Par ailleurs, le règlementaire et l’assurance nécessitent aussi des compétences très spécialisées. »

Au top de la santé numérique

Le territoire se démarque également par le développement de la santé numérique. En Bretagne, ID2Santé (Innovation et Développement de la santé en Bretagne) est une association qui soutient les entreprises et les laboratoires de recherche du secteur de la santé dans leurs projets de développement technologique et d’innovation. Le réseau accompagne les projets autour de quatre grandes thématiques : les technologies médicales à visée diagnostique et thérapeutique, la e-santé, les nouvelles approches thérapeutiques & biotechs / pharma, et la prévention et nutrition santé. Rien que dans la région, ce sont près de 500 acteurs clés qui sont engagés dans la santé de demain, dont plus de 230 entreprises. Ce microcosme a pour ambition de répondre aux enjeux de la médecine de demain, qui sera prédictive, préventive, personnalisée et participative : la Médecine 4P. De grands noms de la santé sont investis (dont Atlanpole Biothérapies) et des projets innovants sont en cours. Biofortis, organisation mondiale de recherche de Mérieux Nutrisciences, qui a pour but de permettre une meilleure assimilation des traitements grâce à la nutrition, travaille actuellement sur le microbiote, pour optimiser la réponse immunitaire du patient. La médecine 4P repose de manière significative sur le numérique, avec le développement du Big Data et des objets connectés, notamment. Ce lien infime qui unit médecine et numérique a fait l’objet de rencontres interrégionales. L’événement, baptisé « Faire avancer la santé numérique », a mis l’accent sur la place de champion de la santé numérique occupé par le Grand Ouest et sur des projets phares portés sur le territoire. Parmi eux, MIRC (Mutualisation de l’Imagerie Médicale en Région Centre) dont le but est d’optimiser la coopération entre professionnels de santé, d’avoir un accès facile aux examens radiologiques antérieurs, de favoriser l’organisation d’un parcours de soin et de constituer, in fine, un dossier imagerie du patient à l’échelle régionale. Dans le même registre, MICS (Medical Imaging Cloud Services) vise à donner la possibilité aux professionnels de santé de traiter, partager, interpréter et sécuriser l’imagerie médicale en Pays de la Loire. Des projets qui nécessitent, en plus de l’intervention des professionnels de santé, des savoir-faire en terme de stockage et de restitution de données. En parallèle, des compétences juridiques sont plus que nécessaires, pour veiller à la redéfinition d’un cadre éthique et déontologique de qualité.

La télémédecine en question

L’événement « Faire avancer la santé numérique » a fait la lumière sur les nombreux projets liés à la télémédecine en Bretagne. Cette filière, partie intégrante de ce que sera la santé de demain, est aujourd’hui l’une des priorités des pouvoirs publics régionaux. L’Agence régionale de santé (ARS) Bretagne souhaite en faire une solution aux défis épidémiologiques (vieillissement de la population, augmentation des maladies chroniques) et démographiques (territoire insulaire et inégalités de la présence des professionnels de santé) à relever. Avec le vote de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2018, qui ouvre la voie au financement de la téléconsultation et la télé-expertise, en région, des opportunités vont s’offrir aux acteurs professionnels : offreurs de soins, assureurs et industriels. Ces derniers pourront, par exemple, développer plus de services, comme la télésurveillance (suivi des maladies chroniques ou rares, cancers). « Sur le versant réglementaire, l’entrée en vigueur du RGPD devrait impacter la sécurité des solutions (...) tandis que le versant technologique (algorithmes, IA, Big Data) devrait jouer un rôle plus important », souligne le site d’information Télémedecine 360. Une variété d’applications où cadres de santé, chercheurs et développeurs seront essentiels.