La Bretagne renoue avec la confiance

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Actualités et conseils sur les carrières dans le grand ouest
Territoire
Publié le mercredi 13 juin 2018
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L’économie est bien repartie en Bretagne, selon un constat largement partagé. La situation de l’emploi cadres est positive dans l’ensemble, mais contrastée en fonction des secteurs et territoires.

Un optimisme raisonné caractérise aujourd’hui les décideurs économiques bretons. Dans un bilan publié en fin d’année dernière, la Banque de France assure que, pour 2018, les chefs d’entreprise tablent sur une consolidation de l’activité à un bon niveau. La prudence reste de mise : « La confiance et la visibilité retrouvée ne se traduisent pas encore par une véritable dynamique sur le marché de l’emploi, note Gwenc’hlan Le Gal, directeur de l’Information économique et des Territoires à la CCI régionale. Cette dynamique existe, certes, mais elle peut se limiter à certains secteurs d’activité et territoires. D’une manière générale, l’Ille-et-Vilaine et le bassin rennais s’en sortent bien et forment une locomotive pour la région. La dynamique est un peu moindre dans le Morbihan. Certaines zones de notre territoire connaissent davantage de difficultés, à l’image des Côtes d’Armor ou du centre Bretagne. »

Une importante hausse des recrutements

L’APEC prévoit néanmoins le recrutement de 7 470 à 8 040 cadres cette année en Bretagne, un chiffre supérieur à celui anticipé pour 2017. Une très grosse majorité (89 %) des entreprises interrogées par l’agence anticipent une stabilité de leur effectif cadres, tandis que 9 % estiment même qu’il pourrait croître. L’informatique, les études / R&D et le commercial restent les trois fonctions les plus demandées, avec respectivement 25 %, 17 % et 15 % des demandes. Dans l’industrie, le secteur agroalimentaire demeure un gros pourvoyeur d’emplois et recrute régulièrement des cadres de production (contrôle de qualité, encadrement des process, ingénierie commerciale), de même que, dans une moindre mesure, des cadres administratifs et financiers. « L’industrie mécanique et de production, liée notamment à l’économie de la mer, est aussi en demande, même si le fait qu’elle fasse appel à une main d’œuvre externalisée complique aussi les choses. On trouve également des recruteurs dans les activités de support, de services et de conseils auprès de ces entreprises, notamment à Vannes, Lorient, Quimper et Brest. »

Une reprise dopée par le numérique ?

La tendance paraît également plutôt favorable dans le secteur des services. La Bretagne affiche ainsi un dynamisme certain dans les activités numériques, tout au long de la chaîne de valeurs, une activité très concentrée sur le bassin rennais, mais également présente dans la Métropole de Brest ou à Lannion, ville marquée par la présence historique du groupe Orange. Des acteurs du digital travaillent sur les questions liées à la cyber-sécurité et à la Défense nationale, comme le confirme Gwenc’hlan : « Dans ce dernier secteur, Thales et Naval Group sont présents à Brest et Lorient. D’autres grosses entreprises sont capables d’apporter une spécialisation : je pense notamment aux cabinets Sopra Steria et Capgemini. » Autres domaines bien orientés selon la Banque de France : l’ingénierie, où le rebond de l’activité devrait s’accompagner d’une hausse des effectifs, et le transport qui, malgré un léger infléchissement, devrait continuer à recruter. La CCI régionale assure que le bâtiment est, lui aussi, un pourvoyeur de postes, pour des profils de conducteurs de travaux, chefs de chantier et ingénieurs BTP. Le tourisme, enfin, représente un secteur d’importance majeure pour l’économie de la région, d’autant qu’il concerne la totalité du territoire et regroupe jusqu’à 50 000 emplois en haute saison. Comme le commerce de détail, il fait toutefois moins appel aux fonctions d’encadrement. « Parmi les difficultés que nous allons devoir surmonter, il y a cette crainte du décrochage de la Bretagne ouest, lié notamment à la hausse des coûts logistiques induits par sa péninsularité, ajoute Gwenc’hlan Le Gal. L’agroalimentaire, lui, devra poursuivre sa mutation ». Les observateurs locaux se montrent relativement confiants et témoignent que la Bretagne conserve du potentiel, notamment sur les biotechnologies, les activités portuaires et l’exploitation des énergies marines.

Des alliés pour les cadres

Rien de tel que le réseautage intelligent pour mieux connaître l’économie bretonne et trouver un emploi dans la région. L’Association des Cadres bretons se définit comme un réseau de chefs d’entreprises et cadres issus des secteurs privé et public, conçu notamment comme une force d’influence pour la région, au service de son développement économique et social. L’Espace Cadres, quant à lui, se présente comme un cabinet de recrutement spécialisé sur les profils de cadres à hautes compétences. Il leur propose plusieurs services : offres d’emploi, bilans de compétences, formations, coaching, etc. Cette filiale du groupe morbihannais Inmares est implantée dans quatre villes de Bretagne : Brest, Quimper, Lorient et Vannes. Plus d’infos : www.conquerants-bretons.com et www.espace-cadres.com

Interview

Frédéric Rode
Directeur de l’agence Bretagne Développement Innovation

Comment présenteriez-vous votre agence ?

Elle regroupe un conseil de surveillance et un directoire de 14 chefs d’entreprise, avec également un représentant de la CCI régionale. Elle offre ainsi une représentation variée de nos filières et territoires. Notre action porte sur cinq secteurs : cyber-sécurité, énergies marines renouvelables, smart grids, électrique-électronique pour l’agriculture et l’agroalimentaire, voile de compétition. Être au service des entreprises est bien notre finalité ! Nous travaillons pour anticiper et accélérer les transitions de l’économie bretonne.

Votre région est-elle mal connue des entreprises ?

Oui et non. La marque Bretagne, créée il y a quelques années, nous a permis de développer des visuels et des outils marketing pour que notre région soit perçue comme innovante, dynamique et solidaire, au-delà des sujets pour lesquels elle est « attendue ».

Mesurez-vous l’impact de votre action sur l’emploi ?

C’est difficile. Nous avons mis en place des indicateurs, pour mesurer notamment le taux de fréquentation des entreprises aux rendez-vous B to B que nous organisons. Bien entendu, les entreprises nous contactent aussi quand elles ont besoin de recruter. Exemple : lors du dernier Forum international de la cyber-sécurité, nous avons monté pour les sociétés bretonnes participantes un espace mutualisé. Dans ce domaine, nous avons également édité, avec l’APEC, un guide de formation sur l’emploi cadre. Tout va dépendre des secteurs, mais, en général, les entreprises ont du mal à recruter. Trois raisons à cela : il n’y a pas suffisamment de gens formés par rapport à la demande, de nombreuses compétences sont « absorbées » par les grands groupes et le territoire n’est pas toujours attractif.